Très ouverte au digital, la capitale de la Bretagne n’a renoncé à aucune des avancées que permettent les outils numériques dans la vie quotidienne, à l’échelon de l’individu comme au plan collectif. Ici, entre élus et habitants, on parle désormais de co-construction par écrans interposés.
Sauf à commettre une erreur historique, la huitième ville étudiante de France pouvait difficilement passer à côté de la révolution numérique. Très ouverts aux technologies et aux progrès qu’elles permettent, les principaux acteurs du territoire se sont toujours efforcés de maintenir leur métropole dans la course à l’innovation, sans jamais négliger l’avis et les envies d’une population en demande de participation.
Outre l’ouverture des données publiques et la mise en place de plusieurs applications à vocation pratique, Rennes a voté cette année son premier « budget participatif », qui financera des projets choisis par les Rennais au terme d’un processus de co-construction avec les élus. De la digitale-démocratie, en quelque sorte…
Le point sur le déploiement du numérique à Rennes avec Nathalie Appéré, la jeune députée-maire (PS) de la ville.
Smartlink.fr : Quels sont les outils numériques déjà mis en place dans votre ville pour la population et les touristes ?
Nathalie Appéré : Plusieurs applications mobiles, issues de l’open data, facilitent l’accès aux transports publics et aux vélos en libre-service dans la métropole, grâce à des données en temps réel. Une autre application, Ren’Circul, est consacrée à l’information sur les conditions de circulation. handimap.org permet, elle, de calculer le meilleur itinéraire accessible aux personnes à mobilité réduite et renforce la partage de l’espace public. Au-delà, nous avons mis en place une plateforme numérique, la Fabrique Citoyenne, pour co-construire la ville avec les citoyens.
Pendant un mois les Rennais sont invités à déposer des projets qui sont analysés et évalués financièrement par nos services techniques puis soumis au vote des Rennais. En 2016, dans le cadre de ce budget participatif, plus de 7 000 Rennais avaient choisis 54 projets d’aménagements.
Parmi les outils numériques qui favorisent la participation citoyenne, il faudrait aussi citer les applications web et mobiles mis à disposition pour discuter, proposer, commenter les grandes évolutions de la Ville de demain : nous les avons utilisé dans le cadre de la révision du Plan Local d’Urbanisme Rennes 2030.
SL : Les utilisateurs se sont-ils approprié ces outils comme vous l’imaginiez ?
N.A. : Oui, et cela n’a pas été une réelle surprise. Rennes est une des villes qui comptent le plus d’usagers des réseaux sociaux. Le numérique est dans notre ADN depuis trente ans et 1000 emplois se créent chaque année dans notre métropole autour de la French Tech. Reste qu’il faut encore aller plus loin pour accompagner tous les publics, et en particulier pour ceux qui restent éloignés des usages numériques. C’est la vocation en particulier de nos espaces publics numériques, installés dans nos maisons de quartiers et dotés d’imprimantes 3D et de kits électroniques. Ils constituent un véritable réseau de LabFab. Nous avons été la première ville européenne, en 2014, à prendre cette initiative.
Les technologies connectées peuvent aider à améliorer l’ensemble de nos services publics
SL : Qu’attendent généralement vos administrés des technologies connectées en ville ?
N.A. : Ils nous demandent une simplification des démarches et plus généralement une meilleure information et un accès facilité aux services de la vie quotidienne : mobilité et transports publics, mode de garde pour les jeunes enfants et activités périscolaires, accès aux bibliothèques et aux équipements sportifs, loisirs et culture, vie associative, formation et emploi… Tous ces sujets sont concernés par les technologies connectées qui peuvent nous aider à améliorer l’ensemble de nos services publics.
SL : Selon vous, à quoi la « ville de demain » ressemblera-t-elle ?
N.A. : Pour reprendre une expression célèbre, les prévisions sont périlleuses, surtout quand elles concernent l’avenir. Je n’ai pas de boule de cristal. Mais, en revanche, je peux vous dire ce que nous souhaitons et ce que nous ne souhaitons pas pour notre ville. Rennes ne se reconnaît pas dans une vision exclusivement technologique et donc apolitique de la smart-city. Ces utopies urbaines, qui se veulent débarrassées de toute idéologie, ont toujours existé et elles resurgissent aujourd’hui à la faveur de la révolution numérique.
Plus qu’en « une ville intelligente », je crois en une ville des intelligences, du vivre-ensemble et plus encore du faire-ensemble. C’est le sens du budget participatif que j’évoquais tout à l’heure. La notion de wiki-city nous intéresse particulièrement parce qu’elle traduit une aspiration forte à des villes plus contributives, plus horizontales et plus citoyennes au bénéfice d’une triple transition, numérique mais aussi énergétique et démocratique.
SL : Si vous deviez installer immédiatement deux innovations connectées dans votre ville, quelles seraient-elles ?
N.A. : Je vais vous en citer une qui est d’ores et déjà sur les rails. Dès juillet 2017, le président de Rennes Métropole, Emmanuel Couet, en a fait l’annonce, il deviendra possible de rester connecté en 3G et 4G dans les rames et les stations de métro. Cette innovation s’étendra à notre seconde ligne dès sa mise en service en 2020. C’est une première en France.
Rennes Métropole a conclu une convention d’occupation du domaine public pour 20 ans, avec TDF, un opérateur neutre, qui est ainsi autorisé à installer ses antennes et ses émetteurs. Un investissement qu’il prend entièrement à sa charge. Ce montage permet également de limiter au maximum le nombre d’équipements et donc l’exposition électromagnétique des usagers.
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