Chaque semaine, Smartlink interroge un élu local sur les enjeux numériques dans sa ville. Aujourd’hui, Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de la communauté urbaine Toulouse Métropole.
Cœur d’une agglomération de près d’un million d’habitants, Toulouse est aussi l’une des capitales françaises de l’Internet des objets. C’est en effet à Labège, aux portes de la Ville Rose, à l’IoT Valley (pendant toulousain de la Cité de l’objet connecté d’Angers), sous la houlette de Sigfox, que se pensent les objets connectés de demain.
Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, nous en dit plus sur le développement du numérique dans la ville.
Smartlink.fr : Quelles sont les initiatives numériques déjà mises en place ou à venir dans notre ville ?
Jean-Luc Moudenc : Par numérique, on entend souvent des services en ligne et des applications mobiles. Dorénavant, l’enjeu n’est plus tant d’offrir des outils mais de proposer un ensemble de services intégrés, innovants, qui correspondent aux besoins des citoyens dans leur vie quotidienne. C’est toute la relation avec le citoyen qui est en jeu et c’est l’objet de la démarche « smart city » engagée par Toulouse Métropole. De nouveaux services ont ainsi été déployés à Toulouse, souvent dans le cadre d’expérimentations avec des start-up ou des entreprises du territoire.
Par exemple, fin 2015, le lancement du portail montoulouse.fr a facilité des démarches administratives des habitants, comme régler la cantine en ligne. La carte « MonToulouse » permet, avec un seul support, d’accéder aux transports collectifs, aux VélôToulouse en location, aux piscines et aux musées. L’application « Qui dit Miam » informe les parents sur les menus des cantines. Nous avons également testé une application de covoiturage avec Coovia. Enfin, le 1er octobre, nous lançons l’application mobile Allô Toulouse, en complément de ce service téléphonique ouvert 24h/24 et 7j/7 qui a déjà reçu 270 000 appels depuis son lancement il y a un an.
SL : La population a-t-elle déjà « pris en main » ces outils numériques ?
J.-L.M. : Oui, et ce depuis le début. Nos services d’E-administration marchent très bien et le nombre d’utilisateurs augmente chaque année. Aujourd’hui, près de 35 000 usagers disposent d’un compte actif. 30 000 cartes « MonToulouse » ont aussi été distribuées.
Le numérique doit apporter des réponses aux préoccupations quotidiennes des usagers
SL : Qu’attendent les administrés des technologies connectées en ville ?
J.-L.M. : Les usagers n’attendent certainement pas des technologies pour la technologie, mais avant tout des réponses à leurs préoccupations quotidiennes : une meilleure participation citoyenne pour devenir acteur de la ville ; des transports fluides et accessibles ; une ville propre ; des parcours plus aisés, etc. Afin d’être au plus près de ces attentes, nous avons développé différents modes de consultation des citoyens dans le cadre de « l’Open Métropole ». Cela va des e-consultations à des séminaires avec les citoyens et les entreprises, comme le « Forum Smart City ».
Le « Laboratoire des usages », véritable instrument Smart City de Toulouse Métropole, va justement permettre de travailler en amont avec les citoyens et les acteurs du territoire. L’objectif est de favoriser l’émergence d’idées et de solutions en concertation avec eux, puis de tester et d’impulser des innovations ou des nouveaux services répondant aux besoins du territoire et aux usages de demain.
En vidéo : Ce que les Français attendent de la smart city
SL : À quoi la « ville de demain » doit-elle ressembler ?
J.-L.M. : La ville de demain sera plus collaborative, plus efficiente dans sa consommation d’énergie et dans la mobilité pour tous. Une ville où l’intelligence collective et collaborative se construit avec nos smart data, au service de la qualité de vie. Une ville où chacun trouve sa place dans un écosystème numérique novateur. Nous avons donc défini un plan d’actions pour notre Open Métropole, à hauteur de 500 millions d’euros d’ici 2020. Il existe déjà plusieurs exemples de projets, comme l’éclairage innovant, le véhicule autonome, les habitats connectés, la plateforme smart data ou encore le dispositif de prévention des crues.
SL : Si vous deviez installer demain deux innovations connectées dans la ville, quelles seraient-elles ?
J.-L.M. : Je choisirais d’abord le véhicule autonome et connecté. La législation ne permet pas encore de faire circuler ce type de véhicules sur la voie publique. Seules des expérimentations sont à ce jour autorisées et Toulouse Métropole travaille aujourd’hui sur plusieurs sites de déploiement potentiel à court terme. Nous avons ici des acteurs industriels et des startups clés pour faire de Toulouse une métropole démonstrative et innovante sur ce sujet.
J’opterais ensuite pour l’ultra connectivité dans nos grands projets de mobilité. Nous avons engagé le déploiement du wifi dans la ville et de la 4G dans le métro afin de faciliter la vie des habitants et des visiteurs.
Propos recueillis par Romain Carlioz – © SergiyN – Fotolia.com
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