Riche de son patrimoine historique exceptionnel, la ville s’imagine volontiers en smart city à la pointe des technologies numériques, avec pour ambition que le verbe rayonner se conjugue ici au futur et plus seulement au passé.
Après quelques années difficiles, la capitale picarde reprend son souffle, grâce notamment au numérique. Olivier Jardé, l’élu au numérique d’Amiens Métropole, nous en donne les détails.
Smartlink.fr : Quels sont les outils numériques déjà mis en place dans votre ville pour la population et les touristes?
Olivier Jardé : Celui qui rencontre un succès très important, c’est notre réseau WiFi public en continu, qui permet aux utilisateurs de conserver une connexion fluide le long des deux axes principaux du centre ville d’Amiens, ce qui en fait un des WiFi en continu les plus grands de France en terme de territoire couvert. Cet aoutil n’est pas encore connu de tout le monde – il a été mis en place il y a moins d’un an -, mais nous enregistrons déjà une moyenne de 100 branchements par jour. Autre outil, l’application Amiens Scope, que plus de 2000 personnes ont déjà téléchargé.
C’est un agenda de tous les événements de la métropole qui permet de savoir ce qu’il y a à faire à n’importe et où qu’on se trouve. Dans le même registre, nous avons installé dans le centre des colonnes d’information de type colonne Morris, comme à Paris, avec un écran tactile sur l’une des 4 faces qui délivre toute une série d’informations pratiques utiles à la population et aux visiteurs. Nous avons également développé une application dédiée aux transports en commun et une autre, complémentaire, qui facilité le covoiturage sur la région d’Amiens.
SL : Les utilisateurs se sont-ils approprié ces outils comme vous l’imaginiez ?
O.J. : Oui, très bien, et plus vite qu’on ne le pensait au départ. Mais le plus important pour nous, c’est qu’ils soient satisfaits des outils et des services que le numérique permet. De ce point de vue là, nous sommes rassurés, tout se passe bien. Quand les choses ne fonctionnent pas ou pas assez bien, on est de toute façon très vite informés par les utilisateurs mécontents. Ne pas entendre parler d’une application ou d’un nouveau service, c’est un bon signe pour nous : ça veut dire que ça marche.
Une impatience grandissante des usagers de ces technologies
SL : Qu’attendent généralement vos administrés des technologies connectées en ville ?
O.J. : Comme partout ailleurs, je suppose : des rapports plus simples et plus fluides avec l’administration, la possibilité d’interagir avec les responsables des collectivités, la mise à disposition d’une information utile et fiable 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, des services plus efficaces, plus disponibles et moins chers… c’est dans ce sens là qu’on essaye de travailler. On se rend compte d’ailleurs qu’en matière de numérique aussi, l’appétit vient en mangeant. Nous avons par exemple lancé un grand plan d’équipement en fibre optique en partenariat avec Orange.
Le déploiement doit s’achever fin 2018, mais nous avons beaucoup de demandes et une impatience grandissante des usagers, qui voudraient tous être raccordés immédiatement. Il est vrai qu’avec la fibre, c’est le jour et la nuit en termes de débit par rapport à l’ADSL, mais on ne peut pas aller plus vite, même si on comprend parfaitement la frustration de ceux qui doivent attendre encore.
SL : Selon vous, à quoi la « ville de demain » ressemblera-t-elle ?
O.J. : Elle sera beaucoup plus numérisée qu’aujourd’hui, ça c’est certain. A Amiens, nous venons d’inaugurer notre cluster numérique, début octobre. Nous avons également un cluster « santé » et un autre dédié à l’énergie et à l’écologie. Pour le numérique, nous avons choisi de nous appuyer sur nos forces et d’orienter cet outil vers l’image, puisque nous avons ici l’Ecole supérieure d’Art et de Design (ESAD), le laboratoire Modélisation, Information et Systèmes (MIS) de l’Université Jules-Verne et le seul diplôme supérieur de France spécialisé en bande dessinée.
Dans ces domaines là aussi, le numérique est la clé de l’avenir. Même pour nos traditions d’ailleurs, et je citerai l’exemple des « marionnettes numériques », un projet sur lequel travaille un laboratoire de recherche universitaire et le musée de Picardie, qui possède une collection de costumes de marionnettes traditionnelles qui ont été scannés et numérisés… c’est très prometteur.
SL : Si vous deviez installer immédiatement deux innovations connectées dans votre ville, quelles seraient-elles ?
O.J. : Je n’en mentionnerai pas deux, mais toutes celles qui simplifient la vie des gens et rendent la ville plus agréable et plus durable. Cette année, nous étions candidats à l’appel à projets européen Smart Cities et nous avons travaillé avec Dortmund et Santander à la meilleure façon de stimuler nos chercheurs et nos entreprises pour rendre, ensemble, la ville plus intelligente.
Nous regardons l’intérêt des beacons, ces petits capteurs qui envoient des données pour, par exemple, mieux gérer la collecte des déchets ou d’autres services à la population. Nous travaillons aussi avec la société Colas pour un test de son enrobé routier capteur solaire. Tout cela devrait aboutir d’ici un an à un an et demi.
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