Les extensions de noms de domaine régionaux, .bzh ou .paris, connaissent un « engouement récent », selon l’agence qui opère le .fr, l’Afnic. Leurs tarif est plus élevé mais elles permettent un meilleur ancrage régional et une plus grande lisibilité pour les touristes.
A quoi ça sert ?
« On fait de la bière artisanale localement, et notre nom, Bapbap, était un acronyme (« brassée à Paris, bue à Paris », NDLR) pas forcément explicite sur le fait que c’était de la bière locale« , expose Edouard Minart, co-fondateur de cette brasserie du 11e arrondissement. « Le .paris permettait de donner une dimension parisienne un peu plus évidente« , ajoute-t-il en tirant un bilan positif de l’extension.
« C’est assez lié à l’idée générale de traçabilité, d’appellation d’origine contrôlée« , analyse le directeur général de l’Afnic Pierre Bonis. « Attention, ce ne sont pas des extensions AOC, mais ça témoigne de la volonté d’un certain nombre d’entreprises avec un ancrage territorial de l’afficher au travers de leur extension« .
Qui les utilise ?
A l’échelle nationale, « une très forte majorité des utilisateurs sont des entreprises« , précise Pierre Bonis. « 80% des utilisateurs du .bzh sont des personnes morales« , explique aussi David Lesvenan, le président de l’association qui gère la dynamique extension bretonne. Entreprises, mais pas que : « Plus de la moitié des intercommunalités en Bretagne sont en .bzh. »
Un rapide tour sur l’annuaire développé par l’association (web.bzh), permet d’envisager la diversité des acteurs séduits par l’extension: s’y croisent, pêle-mêle, la communauté de commune de Pontivy, des cabinets d’expertise comptable, le Festival interceltique de Lorient ou un restaurant ouvert par un Breton à Caen, en Normandie voisine.
Comment ça marche ?
« Vous passez par votre bureau d’enregistrement habituel, ça peut être OVH, Gandi, Orange…« , détaille Pierre Bonis, évoquant un tarif d’une trentaine d’euros. « Ensuite une grosse partie de cette somme va au registre« , c’est-à-dire l’entité chargée de réguler l’utilisation de ces noms de domaines régionaux. Soit la mairie de Paris pour le .paris, ou l’association .bzh pour cette dernière entité.
Avec cet argent, « elle paie son opérateur technique – l’Afnic – et un certain nombre de ‘taxes’ dues à l’ICANN, l’organisme californien de gestion des nouvelles extensions« . L’activité est rentable « pour tout le monde« . L’Afnic, qui gère l’extension .fr, explique que 90% de l’argent qu’elle perçoit ainsi -une manne comprise entre un et deux millions d’euros, selon Pierre Bonis -est réinvestie dans une fondation « pour la solidarité numérique« .
Quels contrôles ?
« Il n’y a pas de vérification a priori des noms de domaine, et rien ne vous oblige à brasser votre bière en Alsace pour prendre l’extension .alsace« , répond le directeur général de l’Afnic. « Mais ça n’a pas beaucoup d’intérêt et ça risque de se voir assez vite« . En outre, il peut y avoir « une vérification a posteriori » afin de voir si le site est « en lien avec le territoire ciblé par l’extension« .
Côté .bzh, « si vous enregistrez un nom de commune, on va s’assurer que la demande a bien été faite par cette commune« , explique David Lesvenan. « Ensuite il y a un contrôle a posteriori pour s’assurer qu’il y a bien un lien avec la Bretagne, et si le site ne renvoie pas à des contenus qui ne sont pas conformes aux règles de sécurité. » La fréquence des alertes est d’environ « une tous les deux mois« , souvent des défauts de mises à jour.
Quelles perspectives ?
Alors que « cet usage n’était pas encore très bien compris il y a cinq ou six ans« , l’Afnic voit désormais une « croissance qui, depuis un an, un an et demi, se consolide« . Lancées en 2014, les extensions .paris et .bzh revendiquent respectivement 21 000 et 9 000 noms de domaines. Suivent le .alsace, 2 100 noms de domaine, et le .corsica, 1 400 noms de domaine, lancées en 2015.
L’organisme évoque encore un « retard » par rapport à des villes comme Londres (.london, 66 000) ou New York (.nyc, 68 000). Mais les perspectives sont bonnes, selon les acteurs, et l’ICANN « devrait ouvrir la possibilité de candidater à la création de nouvelles extensions à l’horizon 2020/2021« .
Smartlink.fr (avec AFP) – Illustration © Tottem Torro – Fotolia.com