Déclinaison du Building information modeling (BIM) à l’échelle urbaine, le City information modeling (CIM) permet de penser la construction d’un bâtiment de manière globale, en l’intégrant aux enjeux paysagers ou énergétiques d’un quartier voire d’une ville. De Bordeaux à Rennes, plusieurs agglomérations y ont déjà recours en France.
La question du bâtiment doit se penser de manière interconnectée avec les infrastructures environnantes (éclairage, transports, etc.) dans une démarche compatible avec la ville intelligente. Le BIM, cette maquette virtuelle d’un bâtiment qui permet d’anticiper les coûts ou la gestion du chantier, s’intègre désormais au CIM, pensé pour élaborer la représentation virtuelle à grande échelle.
Une approche collaborative
Si le BIM a révolutionné le monde du bâtiment, cela tient d’abord au changement de méthode qu’il impose. En modélisant le futur bâtiment en 3D, tous les acteurs de la construction (architecte, ingénieurs ou entreprises de BTP) travaillent ensemble dans un cadre commun qui permet de corriger les éventuels défauts de conception. À l’échelle d’une zone plus vaste comme le quartier, où les différents intervenants sont bien plus nombreux (de la collectivité aux opérateurs de transports), on voit bien ce qu’une telle approche collaborative peut apporter en termes de circulation de l’information et d’anticipation des conflits.
Au-delà même des travaux, le CIM possède un autre intérêt. Sa vocation n’est pas de rester une maquette figée, mais bien de gérer les données du projet pendant sa phase d’utilisation. Véritable réceptacle d’informations sur tous les éléments urbanistiques, le CIM permet de tester différents scenarios pour optimiser les performances des infrastructures ou bien de simuler des événements climatiques exceptionnels. L’Institut Paris Région a ainsi recours à ces outils afin d’évaluer les risques liés à des crues centennales en Île-de-France et, ainsi, de faire évoluer les plans d’urbanisme.
Bientôt des villes en 3D ?
Du CIM au jumeau numérique, il n’y a qu’un pas que certaines collectivités françaises ont déjà franchi. Jusqu’à présent, on ne recensait pas de logiciels dédiés à l’élaboration d’un CIM (la plupart sont des outils de BIM auquel les utilisateurs ajoutent quelques fonctions). La mise en place de plateformes virtuelles ouvre la voie au développement de cette technologie. En France, le futur quartier du Belvédère à Bordeaux (10 hectares, 13 bâtiments et 140 000 m2 d’aménagement au bord de la Garonne), le chantier du Grand Paris Express (un million de bâtiments à modéliser) ou les quinze hectares de la ZAC Parc Centrale à Châtenay-Malabry bénéficient de ces expérimentations.
Mais les plus avancés dans le domaine sont à chercher du côté de Rennes où la métropole a décidé de se doter d’une véritable maquette virtuelle intelligente afin de mettre en commun les données de tous les acteurs urbains et d’optimiser le pilotage de certains équipements. Ce projet, baptisé 3DEXPERIENCity / Virtual Rennes et mené en partenariat avec Dassault Systèmes, devrait permettre de modéliser différents jeux de données qui n’étaient auparavant disponibles qu’à une échelle plus petite (bâtiment ou quartier) afin de mieux planifier les aménagements à venir. Une façon de décloisonner les approches qui pourrait bien incarner le futur du bâtiment et de la ville intelligente.
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