En adaptant le principe du dépôt-vente à la sauce Internet et mobile, Vestiaire Collective a conquis en quelques années plus de trois millions d’adeptes à travers 47 pays. Le site, qui pèse 46 millions d’euros de chiffre d’affaires, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.
La mode, ce n’était pas tellement son rayon. C’est pourtant sur ce créneau qu’a misé Sébastien Fabre, à l’approche de la quarantaine. « Gros acheteur sur Ebay », il est également parti du constat qu’un certain nombre de femmes « achètent quinze sacs mais ne se servent que de trois ». Persuadé que les douze sacs dormants dans le dressing pouvaient être source de valeur nouvelle, il se lance fin 2009. « J’ai financé moi-même la boîte au début, en vendant mon appartement et en ne me payant pas pendant un an et demi », confie-t-il. Flanqué de cinq co-fondateurs, issus ou non du milieu de la mode, le site Vestiaire de Copines est né, qui deviendra par la suite Vestiaire Collective -plus sexy à l’international-. Le principe ? « Une place de marché dédiée à la mode d’occasion, fonctionnant comme un site communautaire, où l’on achète et vend des produits d’occasion plutôt hauts-de-gamme. » Accessoires, vêtements, chaussures, pour hommes, femmes et enfants représentant des milliers d’articles qui circulent à vitesse grand V. « Nous faisons rentrer 3 500 nouveaux produits par jour, dont près de la moitié part en moins de cinq jours », explique Sébastien Fabre. De quoi contenter les quelque trois millions d’adhérents que compte le site à travers 47 pays.
Quatre levées de fonds
Question bonne idée, Vestiaire Collective « va chercher dans une garde-robe des produits à forte valeur ajoutée pour les remettre en circulation ». Une valeur qui tourne vite. « En vendant ses vêtements, on se procure du cash pour en acheter des neufs. On alimente ainsi nous-mêmes notre propre stock », ajoute son fondateur. Le portail, qui empoche au passage une commission de 25% en moyenne, se voit proposer des articles par les internautes, les sélectionne -tout en refusant environ le tiers- et les propose à la revente. Pour 2014, Vestiaire Collective a totalisé 46 millions d’euros de chiffre d’affaires (+70% par rapport à 2013). Des scores qui séduisent les investisseurs, le site ayant déjà fait preuve de son attractivité à la faveur de quatre levées de fonds pour la bagatelle d’un peu plus de 57 millions d’euros. C’est cette croissance qui lui a permis de déployer ses ailes au-delà de sa base parisienne où elle emploie 120 de ses 180 salariés. La société est implantée aujourd’hui dans six pays (France, Allemagne, Angleterre, Espagne, Italie et États-Unis). Ce qui fait sa force : si la France reste le plus gros marché du site, « environ 57% de [ses] produits passent une frontière », explique Sébastien Fabre.
« Développer une entreprise mobile »
Fort de quatre millions d’adhérents, Vestiaire Collective a les reins solides et regarde toujours plus loin. « L’international est le principal levier de croissance car plus on ouvre de pays, plus on a de croissance, explique Sébastien Fabre. Nous devons juste faire en sorte que le nombre de produits proposés soit plus grand que le nombre de commandes et l’Italie, par exemple, nous apporte beaucoup en produits. » La croissance, Vestiaire Collective la trouve aussi dans les nouveaux modes de consommation, avec 65% de son trafic sur mobile, qui concentre près de la moitié de ses transaction. « Nous souhaitons développer une entreprise mobile », appuie Sébastien Fabre, qui y voit « un levier de croissance considérable ». Deux pistes qui ouvrent des perspectives à une start-up qui, par le truchement de l’essor de la consommation collaborative, se targue d’avoir créé un réflexe chez le consommateur. « En boutique, on se met en tête la valeur du produit, explique Sébastien Fabre. Quand on achète un produit à 1 000 euros, si on le revend pour 600 euros, il ne nous aura coûté que 400 euros ». Là aussi, peut-être, est la bonne idée.